21 janvier 2006

Vallon du Fou : l'enquête publique valide nos propositions

Les conclusions de l'enquête publique sur le projet de centre de stockage de déchets du Vallon du Fou sont maintenant connues.

Le Maire de Martigues et le Président de la CAOEB prétendent que l'avis favorable valide leur projet. En réalité, ils ne présentent qu'une version tronquée des conclusions de cette enquête.

Ces dernières valident, en effet, l’essentiel de nos propositions sur ce projet .

Le rapport de la Commission d'Enquête confirme, en effet, que les déchets fermentescibles ne devront plus être enfouis « dans un futur très proche » dans les installations de stockage de déchets et que le projet du Vallon du Fou, tel qu’il est actuellement prévu par la CAOEB, ne saurait être qu’une « phase transitoire aboutissant le plus tôt possible à ne plus traiter des déchets fermentescibles sur le dit site ». Or, c’était exactement notre proposition. Ce même rapport demande à la CAOEB de « s’engager à ne plus traiter les déchets fermentescibles au Vallon du Fou au delà d’une certaine date, par exemple à l’horizon 2010 ». Cette échéance est très voisine de celle que nous avions nous-même proposée, à savoir une autorisation d’enfouir des déchets fermentescibles limitée à deux ans.

La Commission d’Enquête Publique met, par ailleurs, en évidence trois points inquiétants qui viendront confirmer les craintes des riverains.

D’abord, en réponse à une question de la Commission d’Enquête concernant les émissions de biogaz, le président de la CAOEB répond que « le taux de récupération, qui dépend de la densité des puits de captage, est de 60 à 80 % » et que « la partie non collectée du biogaz se diluera dans l’atmosphère ». Il reconnaît donc, pour la première fois, que 20 à 40 % de ce biogaz malodorant va se répandre aux alentours de l’installation. Quant à son affirmation que « cette production de biogaz devra notablement diminuer par la mise en place de composteurs individuels en 2006 », elle laisse pantois ! Ces composteurs individuels ne concernent, en effet, que l’habitat individuel et ne réduiront que marginalement la quantité de déchets fermentescibles enfouie au Vallon du Fou.

Ensuite, de nouveau interrogé par la Commission d’Enquête sur « les capacités d’intervention du personnel sur les pannes affectant les procédés d’exploitation » (ceci concerne bien évidemment le dispositif de captation du biogaz et de fonctionnement des torchères), le Président de la CAOEB se contente de répondre que « le personnel prévu pour ce site sera celui actuellement en poste à Valentoulin, où il a accumulé un savoir faire et une compétence pour l’exploitation de ce type d’activités, depuis 20 ans ». Il précise, par ailleurs, concernant les procédures de remplacement rapide des matériels en cas de panne que « 8 chauffeurs de la CAOEB peuvent mener le compacteur pied de mouton ». Or le site du Valentoulin ne comportait pas de dispositif de captage et de brûlage du biogaz, aucun personnel n’a donc compétence pour exploiter et dépanner un équipement au fonctionnement beaucoup plus complexe qu’un compacteur pied de mouton ! La Commission d’Enquête note, à ce propos, que les réponses obtenues de la CAOEB « n’ont pas été suffisantes ».

Enfin, toujours interrogé par la Commission d’Enquête sur « les dates d’éventuelles réalisations et leurs coûts pour une évolution du projet actuel vers une décharge recevant seulement des déchets ultimes », donc sans fermentescibles, le Président de la CAOEB se contente de répondre que « la future unité de méthanisation/compostage, prévue à l’ouest de l’Etang de Berre par le Plan Départemental, sera raisonnablement en service à partir de 2010 ». Mais il ne précise en rien le degré d’engagement de la CAOEB dans ce projet et n’apporte aucune garantie sur le respect de cette date.

Ainsi, le Président de la CAOEB et le Maire de Martigues pourraient se faire plus modestes lorsqu’ils proclament à tout va que l’enquête publique a validé leur projet. L’avis favorable de la Commission d’Enquête doit être resitué dans le contexte défini par les conclusions de cette enquête. D’une part, les procédures d’exploitation vont devoir être précisées pour garantir un fonctionnement limitant les risques de pannes du dispositif de captation et de traitement du biogaz et, d’autre part, ce centre de stockage de déchets ne devra plus recevoir de déchets fermentescibles à très courte échéance. C’était exactement ce que nous demandions !

Une nouvelle fois se confirme la capacité des citoyens à donner un avis pertinent sur un projet et à infléchir une enquête publique.

Mais celle-ci n’était qu’une étape dans la réalisation de ce projet. Il appartient maintenant au Préfet de confirmer ces préconisations de l’enquête publique. En tant qu’élus, il est de notre devoir de lui écrire pour demander leur prise en compte. Aux citoyens, de leur côté, de se mobiliser pour en faire de même.

Christian CAROZ et Anne-Marie FRUTEAU DE LACLOS
Conseillers municipaux de Martigues

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de me rappeler l'argument à opposer à Mr le Maire qui se réfère à Valentoulin pour dire que le vallon du fou sera une décharge au moins aussi propre que Valentoulin, et que les habitation très proches de la décharge actuelle n'ont jamais souffert de la moindre mauvaise odeur ?

Martigues Citoyenne a dit…

Réponse à Marc : la raison essentielle, c'est que les déchets sont recouverts quotidiennement d'une couche d'inertes de même épaisseur que les déchets. Cette pratique est unique en France et sidère les spécialistes lorsqu'ils l'apprennent. Elle a pour conséquence de réduire par deux la durée de vie de la décharge, alors qu'il faudrait l'utiliser avec parcimonie car la création de nouveaux sites sera de plus en plus difficile. Comme l'enfouissement des déchets fermentescibles augmente également le volume de déchets à stocker, c'est probablement par un facteur compris entre 3 et 4 qu'on pourrait prolonger la durée de vie de la décharge en évitant déchets fermentescibles et couverture d'inertes.
Certes, il est obligatoire d'effectuer une couverture quotidienne d'inertes pour éviter les envols et surtout combattre les riques d'incendie, mais il n'est pas nécessaire d'en mettre autant et il est permis de retirer tous les matins cette couche afin de conserver une capacité maximale à la décharge.
Par ailleurs, il serait intéressant d'aller voir d'un peu plus près l'environnement autour de Valentoulin. J'ai eu des échos sur le fait que des odeurs exiteraient, mais que les riverains auraient fini par s'y habituer. C'est toutefois à vérifier.

Christian Caroz

Anonyme a dit…

Le CIQ de St Pierre s'est effectivement renseigné auprès d'habitants qui sont près de Valentoulin (nous en avant interrogé une trentaine) : les odeurs sont très importantes à certains moments, très génantes .
Personne ne se plaint pour plusieurs raisons : la première c'est que la décharge existait avant les habitations autour, la deuxième que lorsque que quelqu'un se plaint à la Mairie de Fos on le renvoie à Port de Bouc et vice-versa, en tout cas ça n'arrive jamais jusqu'aux élus de Martigues, la troisième c'est que comme la décharge doit fermer (depuis plusieurs années) les riverains prennent leur mal en patience.

le pollué de valentoulin a dit…

Qui peut m'informer sur le sigle dont parle Thierry: C.I.Q. Merci et j'attends votre réponse

Martigues Citoyenne a dit…

Le CIQ est le Comité d'Intérêt de Quartier de Saint Pierre, dont Thierry Louchon est le président. Il regroupe les habitants de ce quartier.