27 janvier 2006

Etang de Berre : un débat démocratique est-il possible au sein du Conseil Municipal ?

Vendredi 27 janvier se réunissait le Conseil Municipal de Martigues. Une des délibérations à l'ordre du jour concernait la réhabilitation de l'Etang de Berre. Le Conseil devait donner son avis sur le projet de lissage des rejets dans l'Etang présenté par E.D.F. et les pouvoirs publics.

Lors du précédent Conseil, le 16 décembre dernier, la même question avait déjà été abordée. Nous avions alors proposé un amendement rejetant fermement ce lissage sans réduction des rejets dans l'Etang, au motif que cette mesure n'apporterait que des améliorations infimes à son éco-système. La majorité municipale avait refusé notre motion et adopté un texte ambigü qui constatait que ce lissage n'était pas la solution aux problèmes de l'Etang mais ne le refusait pas à titre transitoire.

Quelques jours plus tard, la Commission Européenne annonçait à son tour son refus catégorique de cette solution de lissage et demandait à la France de revoir sa copie.

Pour ce Conseil Municipal de janvier, la majorité municipale avait donc changé son fusil d'épaule et nous proposait, cette fois-ci, de donner un avis défavorable à la solution du lissage. Nous nous en étions réjouis et nous envisagions de voter la délibération soumise au Conseil.

Nous proposions, toutefois de rajouter au texte de cette délibération l'amendement suivant : « Les nouvelles modalités d’exploitation de la Centrale de St Chamas, qui vont nécessairement entrer en application dans les tous prochains mois, qu’elles soient transitoires avec une nouvelle réduction très importante des rejets dans l’étang, ou définitives avec l’arrêt complet de ces rejets, devront s’accompagner simultanément de mesures propres à réhabiliter la vallée de la Durance et à redonner une dynamique à son lit. »

Pourquoi proposions-nous cet amendement ? Parce que la vallée de la Durance a particulièrement souffert des impacts résultant des aménagements hydroélectriques. L’insuffisance des débits d’eau et la rupture dans la continuité du transit des graviers ont modifié la morphologie du lit et accru les risques d'inondation. Des mesures urgentes s'imposent pour restaurer la mobilité du lit, accroître le transit des graviers et combattre les dépôts de limons.

Or la réduction des rejets de la Centrale de St Chamas dans l'Etang va s'accompagner de restitutions d'eau en quantités importantes dans la Durance. Il devient donc d'autant plus urgent de prendre des mesures de réhabilitation de cette vallée.

C'est pourquoi, il nous semblait bon d'évoquer cette question dans la délibération votée par le Conseil Municipal afin de nous montrer solidaire des habitants de la vallée de la Durance et d'exiger que les efforts financiers sollicités pour régler les problèmes de pollution de l'Etang s'accompagnent d'efforts similaires pour la Durance.

Il n'y avait donc rien de polémique dans cet amendement qui ne concernait en rien la politique municipale martégale.

Quelle a été l'attitude du Maire en réponse à cette proposition ?

D'abord, il nous a indiqué, avant même que nous ayons pu le présenter, qu'il refusait cet amendement et cela sans donner la moindre raison à un tel refus.

Ensuite, il a tenté de nous empêcher de le présenter, en laissant entendre que c'était inutile puisqu'il avait décidé qu'il ne serait pas adopté.

Enfin, il a autoritairement mis fin à notre présentation, avant qu'elle ne soit achevée, en nous coupant le micro au motif qu'il estimait qu'elle avait assez duré.

Nous laisserons chacun juge de la manière dont le Maire conçoit l'exercice de la démocratie au sein du Conseil Municipal.

Nous rappelons aussi, pour mémoire, qu'il nous avait fallu saisir le Tribunal Administratif pour faire annuler un article du règlement intérieur du Conseil qui limitait à trois minutes le temps de parole par conseiller. Mais le Maire ne semble guère disposé à appliquer la décision du tribunal !

Christian CAROZ
Conseiller Municipal de Martigues

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je voudrais ici vous remercier du travail de résistance que vous effectuez anne-marie et toi, au sein du conseil municipal et saluer votre courage.
agir contre l'intolérance est un acte structurant pour demain et pour la ville.
par delà le symptôme, l'élaboration d'un contrat de démocratie locale devient incontournable. et là, le chantier est vaste ...