07 août 2006

Subventions au Volley Ball et au Foot : jusqu'à quand la ville devra-t-elle combler les déficits de ces clubs ?

Subventions aux clubs sportifs :
- Volley Ball, la Ville « éponge » (130 000 euros) un nouveau déficit lié à la mauvaise gestion du club
- Football, la Ville « allonge » 428 000 euros pour l’accession en national.
Quand cela s’arrêtera-t-il ?

Anne-Marie FRUTEAU DE LACLOS

Conseillère municipale de Martigues

La situation :

Le conseil Municipal a décidé, le 2 juin dernier, de 2 subventions exceptionnelles importantes pour les 2 clubs déjà les mieux « servis » en subvention. Il y a un an, lors de la séance du 24 juin 2005, des « coups de pouces » du même type avaient été votés. Déjà, notre groupe Gauche Citoyenne avait demandé à la Ville plus de rigueur dans le suivi des aides accordées aux clubs sportifs. En vain, puisque un an plus tard en 2006, est dévoilé un « trou » de 230 000 euros dans la gestion du club de volley… En ce qui concerne le FCM, la question que nous posons depuis le début est : Pourquoi ne pas mutualiser les coûts que représente le haut-niveau professionnel, en constituant une équipe « Ouest Etang de Berre » ? Le maire s’y refuse toujours catégoriquement, craignant que le club y « perde son âme » (sic). Et c’est ainsi que la Ville injectera cette année 1,5 million d’euros dans le FCM… Que la gestion du FCM ait relativement gagné en transparence ne justifie pas de s’engager indéfiniment dans des dépenses supplémentaires.

Pour toutes ces structures gérant des centaines de milliers d’euros de subventions municipales, nous réclamons une nouvelle fois que leur gestion financière soit confiée à des professionnels, que la Ville exerce vraiment son devoir de surveillance et qu’elle en rende des comptes auprès des citoyens. Mais quand serons- nous entendus ?

Les interventions :

Voici, successivement, nos interventions de juin 2006 et juin 2005 sur ce sujet. Les réponses qui y ont été apportées en séance seront mises en ligne prochainement.

INTERVENTIONS AU CONSEIL MUNICIPAL DU 2 JUIN 2006

Subvention exceptionnelle Association Martigues Volley Ball

En juin 2005, la ville a épongé une première fois un déficit du club de volley. Nous avions alors exprimé notre inquiétude sur ce qu’on nous présentait comme des problèmes structurels qui seraient résolus une fois pour toutes moyennant l’aide de la Ville. Aujourd’hui, pour la deuxième fois, on nous assure que cette ardoise est la dernière. Une ardoise qui se monte au total à 230 000 euros pour ces deux ans et se rajoute à une subvention annuelle de plus de 400 000 euros.

Voilà un air que nous avons déjà entendu pour le FCM. Une fois de plus, un club sportif vit manifestement au dessus de ses moyens avec des dirigeants confiants dans l’aide indéfectible et aveugle que lui apporte la Ville ! Il est vrai que quelques clubs sportifs, pourtant déjà fortement subventionnés, ont toujours eu jusqu’à présent une oreille très attentive et très indulgente de la part de la majorité municipale. Nous l’avions déjà souligné en 2005, lors de l’attribution de subventions supplémentaires aux clubs de volley, de basket et de football. « Il semblerait - et nous le regrettons - que la Ville se décide plus facilement à trouver les budgets nécessaires pour pallier les déficiences des gestionnaires de clubs sportifs que pour pallier le désengagement de l’Etat sur des actions qui sont essentielles pour préserver notre société de la délinquance et de la misère intellectuelle ou physique. »

Au cours d’une réunion organisée dans l’urgence par Monsieur Chable, nous avons noté l’engagement formel du nouveau président du Club à prendre les moyens nécessaires pour que le fonctionnement du club soit immédiatement assaini. Nous ne souhaitons pas lui faire porter indûment la responsabilité des mauvaises pratiques des années passées sous la responsabilité d’un autre président.

Par contre, nous exigeons de sa part la mise en place d’une nouvelle équipe gestionnaire du club, puisque les personnes en charge jusqu’à présent, quel que soit leur dévouement, ont fait la preuve de leur incompétence et de leur manque de rigueur, jusqu’à ne pas savoir justifier une erreur de 230 000 euros dans le passage des écritures, se trouver devant la nécessité de passer des emprunts pour faire face aux frais de fonctionnement.

Nous demandons également qu’une enquête officielle soit diligentée et publiée afin que les responsabilités soient établies et que les enseignements puissent en être retirés par tous. Nous rappelons que, malgré nos demandes réitérées, rien n’a jamais été publié de l’enquête soit disant menée sur les errements du FCM, que toutes les réunions publiques annoncées par Monsieur le Maire ont été annulées et qu’aucune responsabilité n’a été à ce jour publiquement établie. Pas étonnant alors que chacun se sente couvert par une impunité totale !

Par ailleurs, l’argument qui nous a été avancé pour expliquer la mauvaise gestion est celui du bénévolat des personnes en charge, qui s’occupent des affaires du club en plus de leur activité propre, sur leur temps libre, et en fonction de leur disponibilité. Et il faudrait, à cause de cela, être indulgent ! Certes, je le répète, il est hors de notre propos de remettre en cause le dévouement de ces personnes.

Mais pouvez-vous me citer une société au monde qui confierait un budget de plus de 500 000 € à des bénévoles, pas forcément formés à cela, et en outre peu disponibles ?
Cela semble inconcevable. Et pourtant…

Nous exigeons par conséquent que la Ville n’accorde dorénavant de subventions égales ou supérieures à 50 000 euros à des structures que sous la condition que celles-ci soient affiliées à un centre de gestion professionnel, exactement comme le font les entreprises qui souhaitent externaliser leur gestion auprès de services professionnels compétents. Ces services représentent un coût que la Ville peut sans aucun doute prendre à sa charge. Ce coût n’est rien face aux centaines de milliers d’euros injectés en subventions exceptionnelles dans des structures mal gérées.

Nous répétons qu’il est du devoir de la Ville de s’assurer de la bonne gestion des fonds publics qu’elle attribue. Elle doit se donner les moyens d’exercer son devoir de regard.

Nous pouvons également nous demander dans quelle mesure la Ville se doit d’éponger les déficits d’associations qui ne maîtrisent pas leur budget. Si, comme les élus de la majorité l’avancent, c’est le rayonnement du sport ou de Martigues qui est l’objectif à atteindre, on peut se demander, au vu des sommes en jeu, si l’argent public ne serait pas mieux employé à promouvoir directement ces activités auprès des jeunes et à promouvoir Martigues par des actions de communication ciblées.

En conclusion, compte tenu des engagements pris par le Président du club, Monsieur Lamoise, d’une gestion saine et d’un train de vie revu largement à la baisse pour le club, compte tenu de la volonté affirmée par les élus concernés, Monsieur Chable et Madame Isidore de suivre la gestion de ce club de façon particulièrement attentive et en toute transparence à notre égard, nous avons décidé de ne pas nous opposer à l’attribution de l’aide sollicitée par le club. Nous exprimons toutefois notre inquiétude et nos réserves par un vote d’abstention et nous tenons à vous assurer que tout nouveau dérapage, toute dérogation aux engagements pris, feraient de notre part l’objet d’une demande de contrôle auprès de la Chambre Régionale des Comptes.


Subvention exceptionnelle à l’Association Football Club de Martigues

La demande du FCM se situe dans un contexte complètement différent, mélange d’éléments positifs et de risques financiers.

Comment ne pas se réjouir des excellents résultats sportifs de l’équipe en CFA B et de son accession en national ? Mais une fois les acteurs de cette réussite sportive félicités, il faut tout de même bien reconnaître que l’impact économique de l’accession représente un risque financier pour le Club.
Depuis un an, le club réalise des efforts de maîtrise de sa trésorerie qui, de fait, se rapproche de l’équilibre. Cela fait longtemps que l’on n’avait pas vu cela. Il n’en reste pas moins que la subvention accordée au club au budget primitif est déjà de plus de 1 million d’euros, une somme considérable et selon nous excessive.

Les sommes supplémentaires demandées pour accéder, puis jouer en national, avec un total de 428 000€ sont également considérables et nous amènent à poser les questions suivantes :
- Ne sommes–nous pas en train de mettre une nouvelle fois le doigt dans une spirale risquée de dépenses imprévisibles ?
- Pourquoi serait-ce toujours à la Ville de mettre la main à la poche pour une équipe qui « monte » ? L’effort de commercialisation auprès des sponsors est en nette augmentation, certes, par rapport aux années précédentes, mais représente, avec un prévisionnel de 85 000€ seulement, une goutte dans l’océan des 1, 5 millions d’euros demandés à la Ville.
- Enfin, remettons l’idée une nouvelle fois sur la place publique : Pourquoi ne pas envisager des clubs sportifs fédérés sur l’Ouest de l’Etang de Berre : Istres, Port de Bouc, Fos, Martigues… etc défendant les couleurs d’un club unique de grande envergure, dont les coûts seraient supportés par toutes les villes concernées, utilisant et mutualisant les installations communes distribuées sur le territoire de ces villes ? Nous le savons tous : les contraintes techniques et financières exigées par les fédérations sportives pour le haut niveau sont de plus en plus importantes. Il est ridicule de s’enfoncer dans un chauvinisme de clocher excessivement onéreux lorsque l’on affiche vouloir promouvoir le sport auprès des jeunes à travers des équipes phares. Une équipe phare Ouest Etang de Berre remplirait bien mieux les 11 500 places du stade Francis Turcan, que ce qu’a pu faire notre seule équipe FCM , même au mieux de sa forme cette année, avec un millier de places occupées en moyenne, dont en outre à peine 200 ont été effectivement achetées.

En conclusion, il n’est pas question aujourd’hui pour nous de dénigrer les efforts de gestion réalisés par le club, ni de mépriser les bonnes performances des joueurs et de leurs entraîneurs.

Nous ne pouvons cependant pas applaudir des deux mains une demande d’extension d’un budget qui est à nos yeux déjà excessif et sans aucune garantie de ne pas voir à nouveau les dépenses déraper.

Nous ne voulons pas cautionner un raisonnement de commune riche qui ne regarde pas à la dépense et qui s’offre sa « danseuse ». Si Martigues est riche aujourd’hui, elle se doit d’autant plus de gérer les fonds publics dans un souci d’économie et d’efficacité de chaque euro dépensé.

Par conséquent, nous ne nous opposerons pas à l’attribution de cette nouvelle aide au club, mais nous exprimerons une fois encore nos réserves par un vote d’abstention et il est clair que non seulement nous refuserons que la Ville compense tout dépassement du budget actuellement présenté par le Club, mais nous ne voterons les prochaines subventions annuelles que si leur montant est revu à la baisse. Et nous dénonçons une nouvelle fois l’attitude discriminatoire qui vise à exclure le groupe Gauche Citoyenne du comité de vigilance institué pour suivre la gestion du club.

Anne-Marie FRUTEAU DE LACLOS



INTERVENTION AU CONSEIL MUNICIPAL DU 24 JUIN 2005



Attribution de subvention Martigues Volley Ball, Martigues Sport Basket et FCM.

Les déboires successifs dont les finances du FCM ont fait l’objet ces dernières années incitent à une extrême prudence lorsqu’il s’agit d’éponger les déficits de 3 clubs dont on nous dit qu’ils ont des difficultés de gestion suite à des problèmes structurels.

Une question : Comment se fait-il que les clubs les mieux servis en subventions municipales au budget primitif (Basket : environ 200K€, volley : environ 400K€, football : 1 000K€), n’arrivent pas à avoir une gestion saine et équilibrée ?

Il ne m’appartient pas de mettre en doute a priori la bonne foi et la bonne volonté des équipes dirigeantes des clubs de volley et de basket, ni celle de la nouvelle équipe dirigeante du FCM, qui m’a longuement présenté son programme d’action et les difficultés rencontrées pour remonter le passif.

Pourtant, on pourrait bien avoir des a priori négatifs, car la même bonne foi avait été affichée par M. Sonigo, en son temps, et par la majorité municipale.

Ce que nous réclamons, encore une fois, c’est de l’objectivité et de la transparence. C’est un audit de chacune de ces structures sportives, permettant d’identifier et de rendre publics les défauts structurels dont on nous parle et préconisant des actions correctives. Nous réclamons la publication des résultats de ces audits, pour rendre compte à la population de l’utilisation de l’argent de la collectivité et pour éviter à d’autres structures, peut-être, de s’enfoncer dans les mêmes impasses.

Une réunion publique a été plusieurs fois annoncée, puis annulée, pour traiter du FCM. Nous demandons que des réunions publiques soient organisées pour donner à la population la possibilité de s’informer et de s’exprimer sur les difficultés financières rencontrées par les clubs et sur la politique de soutien de la Ville.

Nous ne pourrons envisager d’être favorables à l’attribution de telles subventions que lorsque la transparence correspondante sera instituée et qu’il sera possible d’avoir une visibilité à plus long terme.

Toutefois, nous reconnaissons, qu’au moins en ce qui concerne le FCM, un réel effort de réduction du déficit semble mis en œuvre et que la mensualisation des subventions accordées aux 3 clubs en difficultés semble dénoter d’une volonté de maîtrise des budgets.

Par conséquent nous ne voterons pas contre mais nous nous abstiendrons

Je terminerai par une remarque :

Nous évoluons actuellement dans un contexte où l’Etat se désengage de sa contractualisation avec les villes, mettant en péril des actions importantes pour la qualité de vie des plus humbles.

Il semblerait- et nous le regrettons- que la Ville se décide plus facilement à trouver les budgets nécessaires pour pallier les déficiences des gestionnaires de clubs sportifs que pour pallier le désengagement de l’Etat sur des actions qui sont essentielles pour préserver notre société de la délinquance et de la misère intellectuelle ou physique.

Anne-Marie FRUTEAU DE LACLOS

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