09 avril 2006

Le projet FOS 2XL : nous refusons l'augmentation du trafic routier.

Le projet FOS 2XL : Extension de l’activité « conteneur » de la plateforme logistique du P.A.M.

Consultée par deux fois en tant que commune concernée, Martigues s’enferme dans une attitude irresponsable vis à vis des nuisances liées au trafic routier apportées par ce projet. Par deux fois, notre groupe a refusé de donner un avis favorable à ce projet de développement économique dans la mesure où il ne s’est pas donné les moyens d’être un projet de développement durable et où il va contribuer à dégrader la qualité de vie des habitants et des usagers de la route.

La majorité municipale ne voit dans ce projet qu’un argument de plus pour réclamer le prolongement de l’autoroute A55.

En septembre 2005, le Conseil Municipal devait se prononcer sur l’enquête publique. Notre groupe a alors proposé d’émettre des réserves permettant d’avancer concrètement dans la réduction des nuisances impliquées par ce projet. La majorité municipale a refusé nos propositions.

Le 31 mars dernier, le Conseil Municipal devait émettre de nouveau son avis, dans le cadre de l’enquête administrative cette fois. La majorité municipale a présenté toujours la même réserve, sur la nécessité d’aménager la A55. Mais elle l’a assortie cette fois d’une réserve très générale sur la nécessité d’améliorer les transports ferroviaires et fluviaux, réserve aussi inapplicable par le porteur du projet 2XL (le Port Autonome de Marseille) que celle sur la A55. Avec une troisième réserve sur le maintien de l’activité dans le secteur public, la majorité semblait plus profiter d’une tribune pour marteler le principe de service public, que de s’attacher à l’objectif de rendre le projet 2XL compatible avec un véritable développement local.

Notre intervention du 31 mars reprend très rapidement les points justifiant notre désaccord avec la délibération et avec le projet. Celle du 23 septembre est plus argumentée sur les nuisances mises en évidence par l’étude d’impact de ce projet.

* Conseil Municipal du 31 mars 2006 (enquête administrative) :

« L’étude d’impact montre que c’est 35% du trafic entrée/sortie poids lourd de la plate-forme qui passera sur le pont autoroutier , soit plus 1000 poids lourds en 2010 , et plus 1500 en 2020, alors qu’aujourd’hui, il en passe en moyenne plus de 500 et que l’on parle déjà de saturation !

Je répète ce que j’ai dit au Conseil Municipal du 23 septembre dernier : qu’il est inconcevable d’accepter un seul poids lourd de plus sur nos routes et que nous devons, au contraire, nous collectivités locales, exercer tous les leviers possibles pour exiger la diminution du trafic actuel.

Nous avons remarqué que bien que vous ayez rejeté l’amendement que nous avions proposé en septembre dernier, vous en avez partiellement tenu compte dans votre première réserve.
Par ailleurs, nous sommes bien évidemment d’accord avec le principe soulevé par votre troisième réserve sur le service public.
Toutefois, avec votre deuxième réserve sur la prolongation de la A55, vous persistez à utiliser l’implantation de 2XL comme justificatif de l’aménagement de la A55, alors que le problème ici n’est pas de faire passer les poids lourds ailleurs quel que soit leur nombre, mais justement de réduire ce nombre !

Par conséquent, nous considérons que, même si l’implantation de 2XL est un réel développement économique local, il est associé à l’augmentation du trafic routier qui est aujourd’hui une nuisance inacceptable avec des répercussions graves non seulement sur le bien être et la sécurité des populations locales, mais aussi sur les enjeux mondiaux pesant sur la consommation de carburants fossiles ainsi que sur les émissions de gaz à effet de serre.
Or les éléments dont nous disposons aujourd’hui sont loin de nous assurer que le porteur du projet, le P.A.M., prendra les dispositions nécessaires pour faire face à ce problème dans une logique de développement durable.

C’est pourquoi, aujourd’hui pour cette enquête administrative tout comme nous l’avons fait lors de l’enquête publique, nous émettons un avis défavorable à ce projet.
»

Vote : avis favorable 41 voix (majorité, UMP et droite) ; avis défavorable : 2 voix (Gauche Citoyenne)

* Conseil Municipal du 23 septembre 2005 (enquête publique) :

« Il est évident que l’amélioration des performances économiques d’un acteur local clef, comme l’est le Port Autonome de Marseille, est essentiel.Toutefois, il est encore une fois du devoir d’une collectivité locale de veiller à ce que le développement économique ne se fasse pas au détriment d’enjeux environnementaux et sanitaires.

Or, il s’avère que le projet 2XL, très intéressant pour la vie économique locale, génère dans sa conception actuelle, présentée dans l’enquête publique, des impacts environnementaux majeurs en termes d’augmentation des flux routiers de poids lourds et de véhicules légers.

Les chiffres dans l’étude d’impact sont clairs :
-Un trafic PL passant de 2300 à 5000 par jour, soit plus que doublé;
avec en particulier, un trafic sur le pont autoroutier passant de 500 à 1500
-Un trafic VL, passant de 800 à presque 3000 chaque jour, matin et soir, aux heures de pointe.
Bien sûr, ce sont là des hypothèses moyennes, que vous pouvez voir facilement doubler en période de pointe.

Considérer que la réponse à une prévision d’augmentation de trafic routier est un aménagement du réseau routier, est, aujourd’hui, une hérésie.

Il y a bien sûr les enjeux de sécurité, de bruit, de dégradation des infrastructures routières, de pollution en bordure de voie…

Aujourd’hui, face aux enjeux environnementaux hurlants que sont
- la pollution atmosphérique (et en particulier la pollution à l’ozone, dont nous souffrons de plus en plus chaque année)
- l’épuisement des ressources (les carburants)
- l’émission de gaz à effet de serre et ses conséquences sur le changement climatique,
il est IMPERATIF et URGENT que les collectivités locales concernées par une augmentation du trafic routier pèsent de toutes leurs forces réunies sur les pouvoirs publics au niveau départemental (n’avons nous pas ici un conseiller général en charge du transport ?), régional et national (les députés, cela sert à ça), et sur les entreprises, pour que tous les leviers soient effectivement et rapidement actionnés, pour FAIRE REDUIRE LE TRAFIC ROUTIER ACTUEL, et utiliser prioritairement et massivement les moyens modaux ferroviaires, fluviaux et maritimes.
Accepter et même favoriser l’usage de la route est en complète contradiction avec toute réflexion sur l’environnement, avec les engagements pris internationalement à Kyoto et avec les objectifs concrets nationaux pris dans le cadre du Plan National de Lutte contre le Changement Climatique.

D’autant plus que dans le cas présent, les infrastructures ferroviaires et fluviales sont à même de supporter des charges bien plus importantes que les objectifs fixés par le PAM, soit 30 et 10% du flux respectivement.

A l’heure actuelle, selon l’étude d’impact, 50% du flux peut , je cite, « aisément » utiliser le réseau ferré, et des projets d’aménagements, bien que retardés, peuvent toujours, si on le demande avec force et levier économique à l’appui, être revitalisés pour augmenter encore la capacité de trafic.

A l’heure actuelle, le réseau fluvial par le Rhône est si peu utilisé qu’il n’y a, je cite l’étude d’impact, aucune limite à une augmentation de flux ». Même l’écluse de Barcarin est sous utilisées, avec à peine 2000 passages par ans. Je cite encore : « L’axe rhodanien est en mesure d’absorber une croissance forte du trafic » et encore mieux : je cite : « AUCUN AUTRE PORT de la Méditerranée occidentale ne bénéficie d’une pareille liaison fluviale » ! Pourquoi ne pas tirer avantage de cette situation exceptionnelle ?

Il est incompréhensible que le PAM ne compte même pas prendre les mesures indispensables pour favoriser la compétitivité du mode fluvial, en ne prévoyant aucun poste à quai dédié aux barges fluviales ! Voilà le mode fluvial condamné à une faible implication dans le transport.

POURQUOI GACHER UNE TELLE OPPORTUNITE ? Nous condamnons l’attitude du PAM sur ce point et nous demandons à ce qu’il révise son projet.

L’augmentation du flux en véhicules individuels est également un problème majeur, qui implique à la fois les entreprises, le PAM, et les collectivités territoriales et locales. Des solutions existent, pour endiguer cette hémorragie prévue en toute sérénité….
Encore faut-il en exprimer la volonté politique.

En conclusion, au lieu de saisir l’opportunité de ce formidable projet de développement économique comme levier pour développer de façon prioritaire et massive l’utilisation de transports ferroviaires et fluviaux pour le frêt, ainsi que de transports collectifs pour les personnes, vous l’utilisez pour négocier la réalisation du prolongement de la A55 ! Quel marché irresponsable et honteux.
Ainsi à Martigues, déjà largement exposée à cette plaie qu’est le transport routier par PL, on lui donnerait encore plus de place ?

Nous pensons qu’il faut au contraire prendre le contre pied de cette attitude, qu’il est inconcevable d’accepter un seul Poids lourd de plus sur nos routes, qu’il est inconcevable de ne pas mettre et faire mettre tout en œuvre pour permettre aux individus de bénéficier de transports collectifs, et c’est pour cela que nous proposons l’amendement suivant à la délibération en lieu et place du dernier paragraphe.
»

Amendement à la délibération n°38 - Conseil Municipal du 23 septembre 2005 :

Le Conseil Municipal sera invité à émettre à son tour un avis favorable à la demande d’autorisation du Port Autonome de Marseille, sous les réserves expresses suivantes :
1- Utilisation maximale - et de façon prioritaire - des capacités actuelles de transport des infrastructures ferroviaires et fluviales existantes et rapide mise en œuvre de l’extension de leurs capacités, afin non seulement d’absorber dans son intégralité l’augmentation de trafic routier prévue à l’horizon 2020, mais aussi de réduire l’utilisation des infrastructures routières et autoroutières d’ores et déjà générée par le terminal actuellement en activité ;
2- Réalisation sans délai d’un Plan de Déplacement pour les Entreprises du site actuel et des sites en projet, afin d’étudier les moyens de transports collectifs à adapter et à mettre en place pour absorber les nouveaux flux de véhicules individuels induits par la création de plus de 4000 emplois et réduire les flux actuels.

Vote : contre l’amendement : 41 voix (majorité, UMP et droite) ; pour l’amendement : 2 voix (Gauche Citoyenne).

Anne-Marie FRUTEAU DE LACLOS
Conseillère municipale de Martigues

FCM : toujours plus de 1 million d'euros de subvention municipale !

Avec une subvention de plus de 1 million d’euros, le FCM « pèse » encore une fois très lourd dans le budget 2006 de la Ville. Le groupe Gauche Citoyenne, tenu à l’écart de réunions à laquelle les élus UMP sont, eux, conviés, a une fois de plus dénoncé cette situation et l’absence de transparence qui l’entoure.

Notre intervention au cours du Conseil Municipal du 31 mars dernier se référait à l’adoption d’une convention liant l’Association FCM et la Ville de Martigues :

« Cette convention formalise, entre autre, le montant de la subvention, encore supérieure à 1M€. Nous constatons une fois de plus que la subvention demandée à la ville pour le fonctionnement du FCM ne baisse pas. Vous nous expliquerez sûrement qu’on supporte encore le poids des contrats passés de façon irresponsable, il y a 2 –3 ans avec certains joueurs.

Soit.

Voilà donc plusieurs années que le budget de la Ville souffre des conséquences de la mauvaise gestion que nous avions souvent dénoncée. Cela montre combien nos réticences, nos avis défavorables et nos inquiétudes, lors des diverses étapes des multiples soi-disant « sauvetages » du Club, étaient fondées.

Quoiqu’il en soit, cela ne rend pas pour autant acceptable que l’on dépense autant d’argent pour cette association sportive.

Pour terminer, je constate une fois de plus que, malgré les belles paroles déjà si souvent entendues, si nous ne sollicitons pas de réunion pour être informé des prévisions budgétaires du Club, nous n’en sommes pas informés.

Manifestement, personne – à part nous – n’est vraiment passionné de transparence dans cette histoire !

Alors, mêmes causes, mêmes effets : les montants toujours trop importants, ainsi que l’absence de transparence, nous incitent à voter contre cette délibération.
»

Anne-Marie FRUTEAU DE LACLOS
Conseillère municipale de Martigues

05 avril 2006

Budget 2006 : Martigues doit préparer l'après pétrole

Lors du conseil municipal du 31 mars dernier, le vote du budget 2006 était à l'ordre du jour. Notre groupe est intervenu pour demander qu'une partie des finances communales soit utilisée pour préparer l'avenir, c'est à dire mener une action de développement économique volontariste afin de préparer l'ère de l'après pétrole qui interviendra dans une ou deux décennies, tout au plus. Voici le texte de notre intervention. Nous publierons prochainement le contenu de la réponse négative de la majorité municipale.

"Il y a quelques nuits, j’ai fait un rêve… ou plutôt… un cauchemar !

Je traversais une ville fantôme. Devant moi, se dressait un bâtiment majestueux, mais envahi par les ronces et dont les chauves souris étaient les seuls habitants. Le vent s’engouffrait en rafale par les fenêtres brisées. Un panneau, à moitié décroché, pendait encore sur la façade. On pouvait y lire une inscription partiellement effacée : « Hôtel de ville ».

Soudain, un bruit de moteur s’est fait entendre et un autocar est arrivé. Un groupe de touristes en est descendu. Ils venaient de Dubaï, un de ces émirats du golfe dont les gisements de pétrole, à présent épuisés, avaient fait la fortune. Ils étaient venus visiter une de ces cités, dont l’activité pétrolière avait assuré un temps la prospérité, avant que le déclin de cette source d’énergie ne la précipite vers une mort définitive .

Cette ville, que je parcourais en rêve, s’appelait-elle Martigues ? Je ne l’ai pas su…

Ce petit récit n’est, peut-être, qu’une fiction, mais il pose une question qui est, elle, bien réelle : notre cité ressemblera-t-elle, dans quelques décennies, à cette ville fantôme ou saura-t-elle prendre à temps le tournant de l’après pétrole ?

C’est la question majeure qui se pose aujourd’hui à nous et qui doit donc déterminer les priorités budgétaires de notre commune et de son intercommunalité.

Le monde regorge, en effet, de villes dont la richesse et le faste n’ont duré que le temps de l’activité industrielle sur laquelle elles étaient fondées : Potosi, en Bolivie, survit misérablement après l’épuisement de ses fabuleux gisements d’argent, Manaos, au cœur de la forêt amazonienne, ne conserve que son Opéra comme témoignage de la grande époque du caoutchouc, quant aux cités minières de l’ouest américain, ses saloons ne reçoivent plus aujourd’hui que des touristes.

Au contraire, certains petits Etats, tel que Dubaï, se sont déjà engagés à marche forcée dans le développement d’une nouvelle activité économique pour pallier l’épuisement prochain de leurs gisements de pétrole.

L’année 2005 a marqué, en effet, un sérieux coup de semonce dans le domaine énergétique. Tous les experts s’accordent aujourd’hui pour dire qu’un tournant irréversible a été pris. Le pétrole est devenu une matière première chère, parce que la demande excède durablement l’offre et que le plafond de production sera atteint d’ici 10 à 25 ans. A cette échéance, c’est tout le marché de l’énergie et, par voie de conséquence, également celui de la pétrochimie qui va se trouver bouleversé.

Or une à deux décennies, c’est un temps tout juste suffisant pour engager notre commune et notre intercommunalité sur la voie d’une nouvelle activité économique. Si nous attendons d’être confronté au problème de la décroissance ou de la disparition de nos activités traditionnelles, il sera trop tard. Nous devons anticiper. C’est au moment où nous bénéficions encore de la manne pétrolière, qu’il nous faut consacrer une part de ces ressources pour mener une action forte et volontariste en faveur d’un nouveau développement économique.

Ceci suppose des choix, notamment, puisque le domaine économique relève dorénavant de l’intercommunalité, d’augmenter le budget de la CAOEB au détriment du budget municipal.

Or ce choix vous ne l’avez manifestement pas fait. Vous nous avez réuni, le 8 mars dernier, pour nous présenter votre stratégie de développement économique. Nous n’avons pu que constater son absence. En fait de stratégie, vous nous avez dressé le tableau de la situation existante sans tracer la moindre perspective d’avenir, sans indiquer aucun objectif, ni les moyens pour les atteindre. Vous semblez croire que le fait d’aménager quelques terrains et locaux suffit pour mener une politique de développement économique.

Lorsque j’étais en charge de ces questions, j’ai tenté de vous proposer un programme d’action plus conséquent, vous l’avez refusé. Sans doute, aurais-je dû comprendre, à cette époque, que si vous aviez confié cette fonction à un élu socialiste c’est qu’elle était, pour vous, extrêmement mineure.

Votre approche de la question du développement économique demeure, en fait, très fataliste. Vous pensez qu’il sera impossible de remplacer nos actuelles grandes entreprises si elles venaient à disparaître. Tant qu’elles sont là, profitons en et laissons le soin aux générations futures de se dépatouiller de la situation qu’ils trouveront après nous !

Ainsi, votre budget semble aujourd’hui serein et confortable et vous en éprouvez certainement un sentiment de satisfaction. D’autant plus que le raffinage annonce de nouveaux investissements à Lavéra. Mais il ne s’agit que d’une vision à court terme qui fait l’impasse sur l’avenir.

Nous n’ergoterons donc pas sur le détail du budget que vous nous présentez, ce sont les grands équilibres que nous contestons.

Nous ne rajouterons qu’une remarque. Lors du débat d’orientation budgétaire, le mois dernier, nous avions souhaité que soient davantage prises en compte les attentes des martégaux. Nous avions cité quelques opérations prioritaires : la revitalisation du centre ville, la lutte contre le bruit routier et autoroutier, la construction d’une maison de retraite accessible aux personnes à revenus modestes, la création d’une maison de la vie associative… Nous ne constatons aucune avancée en ce sens dans votre budget.

En conclusion, parce que vous préférez les opérations de prestige à la satisfaction d’un certain nombre de besoins exprimés par les habitants et à la préparation de l’avenir, nous voterons contre ce budget."

Christian CAROZ
Conseiller municipal de Martigues